DIFFICULTÉ ET PLAISIR DE L'AUTO PUBLICATION

Pour l'amateur d'écriture qui comme moi passe autant de temps à penser et à rêver ses écrits qu'à les concevoir vraiment, il est très important que le processus aboutisse sur l'objet "livre".
Je me souviens assez bien du plaisir que j'éprouvais, plus jeune, à tenir l'objet que j'avais fabriqué, et je l'ai retrouvé presque intact lorsque j'ai déballé mon premier colis de TheBookEdition il y a quelques années de cela. Adolescent, c'était même du livre que je partais quand j'écrivais mes histoires. Je prenais une petite liasse de feuilles blanches que j'assemblais en les pliant en deux, et puis j'écrivais au fil des idées, jusqu'à la dernière page. C'était presque l'espace que je m'allouais qui décidait de la longueur de l'histoire.
Bien sûr, je ne procède plus comme ceci maintenant, mais c'est une manière de dire que c'est important de pouvoir regarder, feuilleter, soupeser l'objet lorsque le travail est terminé. Et ce même à l'ère du numérique.

Pourtant, le travail qui conduit à l'obtention du livre est long, profondément individuel et terriblement fastidieux. Bien sûr, c'est une formidable opportunité qu'Internet a donné à tous les écrivains amateurs de pouvoir se faire éditer. Mais il faut savoir, avant de se lancer dans l'entreprise, que faire éditer son livre n'est pas une mince affaire.

Il y a tout d'abord l'écriture en elle-même. Le processus créatif est plus ou moins long suivant les personnes et le temps qu'elles veulent bien lui consacrer. Personnellement, mon métier me demande beaucoup de temps et d'énergie, et l'écriture en pâtit souvent.
Mais il y a aussi et surtout ce dont on n'a pas idée une fois que l'oeuvre est terminée. Lorsqu'on choisit l'auto-publication, on est certes libre de faire publier ce que l'on veut (TheBookEdition ne refuse aucun écrit, pourvu qu'il respecte certaines règles simples), mais on est seul pour tout gérer.

Il y a la relecture, cette interminable et pénible chasse aux coquilles, qu'on mène sans relâche sans jamais être absolument sûr qu'il n'en reste pas une. Combien de temps ai-je passé sur une tournure de phrase qui me paraissait idéale le jour où je l'écrivais, puis terriblement lourde lorsque je la relisais ? On peut toujours demander à quelqu'un de nous relire, il n'empêche qu'on est jamais mieux compris que par soi-même. C'est en cela que je pense que la relecture est une tâche profondément individuelle.

Et puis, il y a la promotion. On peut bien sûr vouloir l'écrit pour soi seul, mais si l'on a décidé de le vendre un peu autour de soi, il faut s'en donner les moyens. Là où j'en suis de ma "carrière" d'écrivain amateur, il n'y a guère que les réseaux sociaux et le petit bouche à oreille dans le cercle familial et amical qui m'aient permis de me faire connaître. Il y a d'autres moyens évidemment, qui demanderont encore plus de temps, un peu de culot aussi (participation à des salons, propositions à des bibliothèques, échanges avec d'autres écrivains amateurs...). Cela demande d'avoir une grande confiance et un regard à la fois sévère et protecteur sur son propre écrit.

Pour les écrits qui viendront après, peut-être que, fort de ma première expérience avec La Huitième Guerre, j'oserai aller plus loin. Pour le moment, j'ai tout misé sur mon propre plaisir d'aboutir à la fin de mon entreprise d'écriture. Je suis fier d'avoir fini La Huitième Guerre. Je n'ai pas eu assez confiance pour lancer mon livre et lui permettre de voler de ses propres ailes, mais les critiques positives que mes amis et ma famille m'ont apportées m'aideront certainement à en faire plus pour ma prochaine histoire.